Sujet: scepticism is the new smart + Damian Lun 27 Oct - 12:45
Adolf avait été contacté. C’était suffisamment rare, suffisamment impressionnant pour être notifié. Adolf n’était jamais contacté. Enfin mise à part Göran personne ne contactait Adolf. Il ne s’en formalisait pas. Il y avait forcément une raison pour laquelle il n’était pas contacté. La plus évidente aux yeux du monde était qu’il était bizarre. Du point de vu d’Adolf c’était surtout qu’il aimait qu’on le laisse tranquille. Il n’avait jamais eu besoin d’être particulièrement entouré, et ce n’était pas maintenant qu’il allait commencer. Mais Adolf n’était pas misanthrope, au contraire. Il était certes plutôt à l’antithèse du garçon sociable qu’il savait être, mais c’était plus une question d’habitude que de caractère profond. Il avait grandit seul, s’était habitué à cette solitude et les habitudes sont difficiles à laisser tomber. Mais il était brillant, et lorsqu’il n’était pas bizarre, il savait faire preuve d’une sociabilité étonnante. En réalité il n’était pas sociable, il comprenait l’être humain. Sa licence en psychanalyse avait payé, Adolf, s’il le désirait, était adaptable. Peut être que cela expliquait que quelqu’un le contact. Enfin, probablement pas lorsque l’on y pensait bien. Depuis bientôt sept ans qu’Adolf errait dans Dodskälle à la recherche de réponse, on ne pouvait guère dire qu’il s’était sociabilisé. Il était resté en simple observateur, et lorsqu’il s’approchait, c’était généralement pour choquer, pour fouiller, et rapidement, pour agacer. Alors non, ici à Dodskälle personne ne voudrait le contacter. Mais aujourd’hui, où plutôt hier, où même il y a quelques jours, on l’avait contacté. C’était suffisamment rare, suffisamment impressionnant pour être notifié.
L’homme était un journaliste. Jusque là c’était l’une des professions qui ne l’approchait pas trop. Des flics il en avait tout le tour du ventre, pour x ou x affaire, pour y ou z problème, pour tout et n’importe quoi finalement, pour un regard neuf, pour un expertise d’un mec qui ne sait pas tirer avec une arme, pour quelques neurones de plus au lieu des muscles. Mais les journalistes… Habituellement c’était lui qui les contactait, pour avoir accès à leurs archives. Habituellement c’était lui qui les emmerdait, à vouloir fouiller partout et à prendre leur temps. Mais aujourd’hui c’était l’inverse. Adolf avait du froncer les sourcils et paraître perplexe. Adolf n’avait pas du comprendre. Et Adolf détestait ne pas comprendre. Et justement parce qu’il avait besoin de comprendre, il avait dit oui. Au fond, l’homme, le journaliste, c’était expliqué rapidement, et Adolf avait compris, l’essentiel au moins. L’homme, le journaliste voulait en savoir plus sur Dodskälle, sur ces histoires à coucher dehors. Adolf aurait voulu éclater d’un rire nerveux pour répondre un « moi aussi j’aimerais. ». Mais il n’était pas un homme désabusé, où en tout cas il se refusait de l’être. Parce que s’il se laissait aller, il savait comment il allait finir, comme son père, comme un légume froid et sans vie, qui vit sans raison, qui meurt sans plus de raison, comme ça, parce qu’il a laisser la vie le quitter, qu’il a oublier de la retenir. Alors Adolf n’avait rien dit, il avait juste compris. Il avait compris qu’en presque sept ans, il s’était fait sa petite réputation. En presque sept ans, il en avait énervé des gens, il les avait poussé dans leur retranchement, dans leur coquille. En presque sept ans il en avait entendu des histoires, il en avait vu des morts, il ne s’habituait d’ailleurs toujours pas à l’odeur de cadavre. Il n’était pas flic. En presque sept ans il était devenu le sceptique. Alors nécessairement, si l’on voulait être conforté dans son idée que toute cette histoire n’était qu’une vaste absurdité et qu’il y avait forcément, quelque part, des réponses, c’était Adolf qu’il fallait voir. Le problème c’est qu’Adolf il n’en avait pas des réponses. En presque sept ans, il en avait aucune. Il n’avait que des questions, qui lui hantait le crâne, et sans être désabusé, ça le détruisait, doucement, mais surement. Il était jeune, il vieillissait vite. Mais puisque Adolf avait compris l’homme, il avait accepté le rendez-vous.
Ce rendez vous, il l’avait même préparé. Il avait passé en revu des questions que l’homme pourrait lui posé, il avait essayé de chercher des réponses, il avait même préparé quelques dossiers. Sur le coup il avait été professionnel et organisé. Il ne voulait pas être pris au dépourvu. Car s’il y avait quelque chose qui l’anéantirait c’étai surement le dépourvu. Il peinait déjà à supporter le manque de compréhension ambiant, alors si en plus, on le surprenait… S’en était finit. Le rendez-vous du maire avait déjà tourné au fiasco et Adolf s’était retrouvé prostré dans sa chambre pendant plus d’une semaine, incapable de sortir, ou de faire quoique ce soit de normal tant il pouvait être obnubilé par l’absurdité de ce qui avait été relaté. Il devait le reste de sa sanité d’esprit au faite qu’il n’avait pas voulu entendre les stupidités du maire. Mais nul doute que s’il avait assisté à la scène, il serait resté prostré dans sa chambre aujourd’hui encore.
Il avait donné rendez-vous à l’homme à la place de l’Ange. Il aimait cette place, il était beau l’ange, et si aujourd’hui il n’était pas tant chargé de tout ces rêves, il serait surement charmant. Mais Adolf lui pardonnait, parce qu’il y avait forcément une explication rationnelle à tout ça, et que l’ange en lui même était nécessairement hors de cause. Alors il aimait cette place, il la trouvait belle. Il s’était enroulé dans une large écharpe et il était passé acheter deux cafés. Il espérait que l’homme ne soit pas en retard, sinon il serait froid. Le café froid, ce n’était pas bon, il ne voulait pas offrir quelque chose de mauvais à un homme qui l’avait contacté. Attendant tout de même quelques minutes, ou secondes - lorsqu’on est perdu dans sa tête comme lui, c’est difficile à dire - il ne pu s’empêcher de tremper ses lèvres dans son café bouillant. Lorsqu’il releva ses yeux il croisa le regard de l’homme. Il tendit le deuxième café devant lui, disant doucement « Damian Beauchamp ? » Il avait surement écorché le nom, ce n’était pas courant en Suède de tel nom. Il s’excuserait s’il voyait une grimace sur le visage de l’homme. Mais il devait d’hors et déjà être habitué. Nerveux et peu habitué à ce genre de situation il enfonça sa tête dans son café, attendant que l’homme annonce pourquoi il l’avait demandé.
Damian A. Beauchamp
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Feuille de personnage Dispo RP: Dispo Son rêve: Les cauchemars c'est pour les enfants. Relations:
Sujet: Re: scepticism is the new smart + Damian Jeu 30 Oct - 12:14
Scepticism is the new smart
What's done in the dark will be brought to the light
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Le Sherlock suédois & le journaliste accro au café
Expert criminologue. C'est déjà pas commun dans une grande ville, mais en trouver un, ici dans un bled aussi reculé, je dois avouer que ça tire du miracle. Non plutôt d'une étrange improbabilité qui ne peut cacher qu'une histoire des plus passionnantes. Parce que, entre nous, faut avoir envie de venir s'enterrer dans le coin. Suffit de prendre mon cas, je ne suis pas là pour la bouffe et le froid, mais plutôt parce que mon patron a trouvé que ce serait sympa d'envoyer son seul journaliste cajun en Europe pour "aller faire connaissances avec les blondes du coin et avoir de la neige jusqu'aux genoux". Je vous jure que sur cette phrase, j'ai bien faillis lui faire bouffer mes phalanges, juste pour retirer ce sourire agaçant de sa gueule d'américain moyen. Surtout qu'en plus je n'ai toujours pas vu une seule blonde dans ce coin, à croire que dans toute la Suède, je suis tombé dans le seul bled qui est plein de brunes. Comme quoi…
J'avais appelé cet expert un peu plus tôt dans la semaine, me faisant tout sucre, tout miel pour que ce dernier accepte de me rencontrer. Je sais à quel point il peut être compliqué d'obtenir parfois ne serait-ce que quelques mots avec certaines personnes dans ce genre de ville. Parce qu'ils ne font pas confiance aux étrangers ou que bon ce sont des secrets qui n'appartiennent qu'aux habitants… Bref tout ce genre de conneries sans intérêt qui m'agace un peu par moment, mais là, j'avais été presque surpris de constater qu'il avait accepté sans trop rechigner de me rencontrer. C'est ainsi qu'en cette journée presque agréable, je me trouvais en route pour la Place de l'ange. Pourquoi la nommer ainsi ? Pour une raison assez simple. A cause de l'immense ange qui trône sur la fontaine, une statue de bronze des plus imposantes. Je dois avouer que ce n'est pas le genre de décoration qui fait chavirer mon coeur, mais bon, si c'est ça plait aux habitants… Qui suis-je pour juger ?
Je finis par atteindre la place, un peu en retard pour être honnête. Mais j'ai toujours eu un problèmes avec la ponctualité, j'ai toujours un peu de retard, juste ce qu'il faut pour que ça reste acceptable, mais un journaliste n'est jamais en retard, il arrive toujours à l'heure prévu. C'est ce que je préfère me dire. Je remarque ce qui doit être très certainement l'homme que je cherche, attendant avec deux cafés, prêt de l'ange. C'est forcément lui, c'est trop tôt pour un rendez-vous galant et généralement, ce n'est pas du café qu'on apporte à une demoiselle mais des fleurs, alors je pense que cette douceur caféinée est pour moi. Je m'approche de lui et lui adresse un immense sourire lorsqu'il prononce mon nom d'une voix hésitante. Ouch. Son suédois écorche à vif mon nom de famille mais je ne peux pas lui en vouloir, même chez moi, tout le monde l'écorche. Tous me disent, "en même temps, quelle idée d'avoir un nom de famille français ?". Oh pardon d'être cajun, la prochaine fois je demanderais à être d'une nationalité où mon prénom sera plus simple à prononcer… Enfin bref. Je ris avec douceur avant d'attraper le café qu'il me propose.
"En personne, merci pour le café au fait, ça fait pas de mal dans ce pays."
Le seul truc qui risque de me tuer dans le coin, c'est ce froid permanent et persistant. Je vous jure que ça va avoir ma peau. Oh comme la chaleur de mon bayou natal me manque par moment. Bon même si les alligators, eux, ne me manquent pas du tout. Mais alors pas du tout.
"Vous devez être… Adolf Hellström ? Pardon si je massacre votre nom, mais le cajun et le suédois, ça n'a jamais fait bon ménage."
Oh déjà que mon anglais est teinté d'un mélange créole/français qui fleure bon les marais de la Lousiane. Je pense qu'il suffit d'un mot de ma part pour que tout le monde se rende compte de mes origines… presque exotiques. Je trempe mes lèvres dans le café brûlant appréciant la chaleur de celui-ci. Je soupire de plaisir. Moi qui n'avait pas eu le temps d'en avaler un avant de quitter mon appartement. Emmitouflé dans un pull bien épais une lourde veste en cuir, une écharpe autour du cou, je bois une autre gorgée de café avant de revenir à notre échange de politesse.
"Merci d'accepter de me rencontrer, je ne voudrais pas abuser de votre temps alors… Autant ne pas traîner, non ?"