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Il en était déjà à sa troisième longue ligne de poudre blanche qu'il reniflait avec un billet de un dollar américain depuis qu'il s'était réveillé en sueur de cet horrible rêve. Rêver de mourir n'est pas si troublant que ça, généralement. Mais pourtant, cette fois, le carnage était si concret qu'il en avait un mauvais pressentiment. Cheshire avait entendu parler de cette histoire de rêves morbides qui devenaient réalités dans cette ville. En temps normal, il serait reparti vivre en Russie ou même aux États-Unis ou la Nouvelle-Zélande, question de faire différent, s'il n'était pas mandaté de rester à Dödskalle pour deux autres années.

Prenant une grande inspiration, il ferma les yeux en se calant dans sa chaise et balança sa tête vers l'arrière, relaxant pour un moment, profitant de ce buzz qu'il ressentait dut à la came, se perdant dans la voix mélodieuse de Seven Wonders de Stevie Nicks. Du moins, essayer de relaxer. À chaque fois qu'il fermait les paupières, il revoyait le sang un peu partout et au lieu de Stevie Nicks, il entendait seulement le bruit gris du tourne disque qui caressant le vinyle, sans qu'aucune notes qui s'en élève.

Un nouveau haut-le-cœur le prit et il tituba son chemin jusqu'à la salle de bain pour donner à la cuvette tout ce qui lui restait dans l'estomac; très peu étant donné que ce n'était pas la première fois que la salle de bain l'accueillait en 25 minutes.
Chancelant, il fit son chemin de retour jusqu'à sa chaise et s'appuya la tête dans ses mains, les bras accoudés à ses genoux. Why ? Pochemu ? Porque ? Varför ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il était imposé à cette vie à Dödskalle ? Oh, oui. Parce qu'il avait mit son père adoptif en feu. En publique. Alors que l'homme était au téléphone avec des clients à son bureau. Et que ce-dernier était décédé. Quand Cheshire n'avait que 16 ans. Oups. Et comme Mörben n'était pas encore majeur à ce moment là, il a été imposé dans un système où il purgerait son acte en faisant des bonnes actions jusqu'à ses 18 ans où, suite à un rapport d'un psychiatre, fut considéré comme psychologiquement instable, donc au lieu d'être envoyé en prison comme un adulte, ils l'envoyèrent dans un institutions directement à Moscou. Un an plus tard, suite à bon comportement, ils décidèrent qu'il était prêt à être réinséré en société, à condition de voir un spécialiste fréquemment. En gros, il pourrait retourner à une vie en société comme avant, mais il devrait voir un psychiatre sur une base quotidienne. Généralement, il aurait put retourner chez lui et choisir un spécialiste à Saint Petersburg, mais à présent renié par sa mère et majeur, il devait se trouver un nouveau toit et ne comptait pas rester dans la même ville qu'elle afin d'éviter les mauvaises surprises. Il allait donc établir sa prochaine ville en fonction du spécialiste qu'il choisirait, étant donné qu'on lui avait donné une liste venant de l'association européenne des psychiatre, présentant plusieurs Docteurs qui étaient à présent disponible pour de nouveaux patients. Dans la liste des noms, il y en avait deux qui attiraient son attention. L'un qui se trouvait en France, à Nice. L'autre dans une ville qu'il n'avait jamais entendu parler, en Suède. Il savait déjà parler Français, mais n'avait jamais vraiment été attiré par la France, préférant le Canada comme pays francophone. S'il décidait de débarquer en Suède, dans ce trou paumé, il allait devoir trouver une façon de communiquer rapidement... Bien qu'il savait déjà à l'époque qu'il avait un don pour apprendre les langues rapidement. C'est après quelques jours de réflexion qu'il avait fait sa décision, demandant à ce que sa demande soit envoyé à ce Docteur et qu'on lui trouve des livres de Suédois, qu'il se prépare déjà à déménager. Par le temps que sa demande soit accepté et par la longueur du trajets -et multiples transports- il avait déjà apprit une bonne base de la langue.

En gros, c'est comme ça qu'il s'est retrouvé en Suède, à Dödskalle, paumé, à vendre de la drogue, et se vendre soi-même parfois, pour payer son petit appartement parce qu'il n'avait pas fait attention au pamphlet d'aide à l'emploie fournis par son psychiatre. Non que son Docteur n'est pas compétent et ne l'aidait pas. Au grand contraire, avec une rencontre par semaine depuis sept ans déjà, Cheshire a encore des choses à dire à cet homme, aujourd'hui. Comment sa mère était une vraie garpya superstitieuse qui se disait médium, par exemple. Oui, sa mère était l'une de ces folles wiccan qui faisait toutes sortes de rituels dans leur manoir familial ou encore dans la forêt à côté depuis que son mari, le père biologique de Mörben, est décédé quand ce-dernier n'avait que huit ans. Oui, comme par hasard, c'est la même année que le jeune Anglo-Russe a développé une personnalité différente et violente, envoyant des psychiatres à conclure qu'il était un cas de personnalité multiple. Au départ, sa mère superstitieuse croyait qu'il était possédé du diable et est passé par une multitude de test, mais tous étaient inutile. Il lui prit un bon moment avant qu'elle accepte que non, il n'était pas possédé et la mort de son père n'était pas de sa faute. Qu'il n'avait aucun démon dans ce manoir.

Malgré les engueulades avec elle, Cheshire aimait sa mère par dessus tout. Elle était sa raison de vivre, malgré qu'elle était complètement folle. Sa raison de vivre, mais sa raison de verser du sang. La première fois que Mörben se coupa, il n'avait que 10 ans et il comprenait déjà ce qui se passait. Et il recommença. Encore et encore. C'était sa façon de s'exprimer. De laisser aller la colère et la peur. Non, il ne faisait pas ça pour attirer l'attention ou encore pour la douleur -bien que la douleur n'est qu'une douce caresse, à ses yeux- mais plutôt pour le rush que la perte de sang provoque à son corps. C'est un peu comme être high, quoi. Lorsque ton corps perds une certaine quantité de sang, il envoie automatiquement une dose d'adrénaline à ton cerveau, ce qui provoque un rush en toi. C'est ce qu'il appréciait.

Prenant une grande inspiration, Cheshire se redressa et se frotta l'avant bras droit. Ses cicatrices étaient soudainement douloureuse. Oui, après toutes ces années, une cicatrice reste sensible. Et encore plus lorsqu'un fantôme du passé passe par là.
Mais toutes ces cicatrices sont anciennes. À vrai dire, Cheshire n'a pas touché une lame de rasoir depuis ses 15 ans. Peu importe s'il a toujours cette idée à l'arrière du crâne qui lui implore de s'ouvrir une veine tout simplement pour le rush, il a fait la promesse à cette fille qu'il ne le referait plus. Et Mörben rempli toujours ses promesses. Comme cette fois qu'il a gueulé à son second père qu'il allait le tuer... Welp... Un an plus tard, il le fit.
Oui, à quinze ans, le jeune Russe avait déjà réalisé qu'il préférait les beaux paquets plutôt que les soutiens-gorges bien rembourrés. Par contre, il y eu cette simple et douce exceptions lorsque la mère de Ches' décida de se refiancer et que son homme viendrait vivre au manoir. Cheshire a toujours détesté cet homme. Dès la première fois qu'il l'eut rencontré, il sut que quelque chose était louche chez lui. Mais ce n'était pas le fait qu'il avait une fille. Au contraire, à l'arrivé du père et de sa fille au manoir, le jeune Russe s'est tout de suite rapproché d'elle et bientôt, ils eurent leur premier baiser. Premier baiser avec une fille pour lui, premier baiser pour elle, point barre. Anya, son prénom. Et contrairement à son père, Anya était une vraie ange. Lui, violent comme tout, il avait battu sa filles pour des années, et secrètement dans le dos de sa nouvelle femme, il avait élu nouveau jouet avec Cheshire. N'étant pas bien bâtit, le jeune garçon qu'il était à l'époque, il ne faisait pas le poids contre cet homme de 40 ans. Et celui-ci faisait exprès pour frapper seulement à des endroits où des vêtements cacheraient les ecchymoses. Et Cheshire n'osait pas montrer à sa mère qu'il se faisait battre puisqu'elle voudrait sûrement qu'il lui montre son corps entier pour tous coups et il ne voulait que celle-ci apprenne pour la mutilation.

N'arrivant pas à tenir en place, Mörben se leva et alla s'asseoir à son bureau. Là, il se roula un joint et l'alluma. Les mains tremblantes, il attrapa un crayon et une feuille de papier où il commença à gribouiller. Souvent, au lieu de parler à son psychiatre, il s’asseyait en avant de lui, silencieux, pendant toute l'heure à dessiner et ils reparlent de ces dessins à la session suivante. C'est parfois tout simplement plus facile de décrire avec un crayon que par les mots.
L'idée lui est venue d'Anya puisqu'elle avait remarqué un talent caché chez le Russe. Il manie le crayon plutôt bien. Et elle était déjà au courant pour ses problèmes de comportement. Cheshire savait qu'elle était la seule femme qu'il aimerait puisqu'elle n'avait pas peur de lui. Elle était là pour le calmer et le supporter. Mais ils ne pouvaient en parler à leur père ou leur mère puisqu'ils savaient qu'ils seraient carrément contre. Tout simplement parce qu'ils étaient supposés se considérer comme un frère et une soeur, à leurs yeux. Mais c'était plus puissant que ça.
Malheureusement, un soir que la mère de Cheshire était à un gala de couture -elle était couturière. Propriétaire de la ligne Dragovic. Explication de leur richesse: OK, Next!- les deux adolescents croyaient que le père était parti avec elle pour l'accompagner et commencèrent à se laisser aller. Mais le père d'Anya n'était pas là, en fait, et les surpris en plein milieu de l'acte en voulant leur annoncer que le repas était prêt. À ce moment, prit d'une colère, le quadragénaire attacha Mörben alors qu'il flanquait une correction à sa fille, forçant le blond à observer. Et bien sûr, il corrigea celui-ci comme "vengeance" pour avoir "souillé" sa fille.
Le lendemain matin, Cheshire n'en pouvait tout simplement plus. Écrasant ses médicaments imposé par son psychiatre, il inhala la poudre blanche qu'elle était devenue et c'est les yeux dilatés à bloc qu'il quitta la maison, vola la voiture de sa mère toujours endormis et se rendit au bureau de travail de son persécuteur. Laissant la voiture tourner, il ouvrit la valise, alla prendre le bidon d'essence et monta les 13 étages du gratte-ciel pour marcher tout droit jusqu'au bureau de M. Dragovic. Celui-ci afficha un sourire en voyant Cheshire. Un faux sourire, bien sûr. Il ne voulait pas détruire sa réputation à son boulot. Mais le jeune Russe était là pour détruire bien plus qu'une réputation. Sous les exclamations de surprise des autres employés, il commença à jeter du gaz à l'aide du bidon sur le quadragénaire, qui était toujours au téléphone, avant de craquer une allumette. Ignorant complètement le regard horrifié de l'homme, c'est sans émotion que le garçon lui jeta la tige de bois enflammée, tourna les talons et quitta l'endroit, ne faisant pas attention aux cris d'agonie derrière lui.
C'est rendu chez lui que la police l'attrapa.

Une douleur aigüe sur la main gauche de Cheshire le ramena à la réalité; Il réalisait qu'il venait d'appuyer la cerise de son joint sur sa main gauche après avoir complètement zoné out dans un ancien souvenir. Il releva donc ses yeux, si foncés qu'on peut à peine distinguer la pupille de l'iris, et observa son mur où des douzaines de dessins étaient affiché. Son regard se posa directement sur celui où l'on pouvait voir un homme en flamme. Une partie de lui ne regrettait pas ce qu'il avait fait. Mais une autre partie se détestait pour avoir fait ça. C'est pourquoi il gardait toujours cet art au milieu du mur pour qu'il voit à tous les jours cet acte si violent qu'il avait fait.

Un soupire s'échappa d'entre ses lèvres lorsqu'il reposa son regard sur sa feuille blanche. À vrai dire, il réalisa que celle-ci était déjà pleine; dans son zone out, il s'était laissé aller par l'inspiration et venait de pondre un autre art.

La feuille illustrait une salle de bain, différente de la sienne, plongée dans la noirceur, excepté la douzaine de chandelle qui étaient placées un peu partout. On pourrait croire que c'était une illustration de lui-même en train de prendre un bain, si ce n'était pas de l'eau qui se trouvait d'une couleur écarlate. Le jeune homme dessiné avait un regard complètement vide. Dénué de vie. Sur son torse, il était gravé directement dans sa peau "We know what you did", sur le côté de sa tête, un trou ouvert au niveau de sa tempe gauche, le sang dégoulinant le long de son cou, son épaule et torse, jusque dans l'eau. Pourtant, il n'y avait aucune arme dans le décors. Pas une lame, pas de pistolet, rien. Juste une baignoire remplie de sang, un cadavre et des chandelles.

Cheshire se leva soudainement, se disant qu'il devrait montrer ça à son Docteur le lendemain. Même s'il savait qu'un rêve aussi atroce ne s'oubliait pas facilement, il ne voulait pas oublier le moindre détail lorsqu'il expliquerait ce qu'il avait vu. Après tout. S'il était pour mourir comme ça, il devrait plutôt se préparer à l'accueillir.
Il se pencha pour attraper un crayon et tourna la feuille afin de signer dans le bas à droite