Les cadavres étaient vidés, rangés, et étiquetés dans leurs caissons réfrigérés. La table d’op. était nettoyé, les ustensiles étaient désinfectés et rangés, et Ed mettait un point final à son dernier rapport. C’était que le sixième en moins de deux semaines, et l’inspecteur de la ville voulait les rapports sur son bureau pour demain matin. Edward voyait pas en quoi la mort -une crise cardiaque- d’un vieux de 80 ans pouvait intéresser Falk... si ce n’était pour le faire grandement chier. Et c’était ce que l’inspecteur semblait être : un chieur professionnel. Enfin, le doc’ était là pour faire son boulot et si Falk voulait trente six rapports sur la mort par anévrisme de tous les croulants du coin, Ed n’avait pas d’autres choix que de s’exécuter. Franchement si Dodskalle était très, très, trèèèès loin des villes africaines et de leur ambiance zoulou, et c’était ce qu’il cherchait après tout, ça ne signifiait pas qu’il acceptait de se faire exploiter.
Putain, qu’est ce qu’il lui avait pris d’accepter ce poste sérieux ? Il aurait presque préféré se casser une jambes ! Les suédois étaient, heu, comment dire... barbants ? Asociaux ? Renfermés ? Bref, peu ouvert à faire des connaissances ! Trois mois qu’il était là, et Ed avait à peine réussi à adresser la parole à ses voisins sans que ceux ci le regardent avec méfiance ! C’était tout ce froid et toute cette neige... ça rendait les gens fous ! Il ne voyait aucune autres explications ! Son téléphone portable vibra et il jeta un rapide coup d’oeil, s’apercevant qu’il venait de recevoir un sms de sa nièce Demeter... Ca faisait quelques semaines qu’il ne l’avait pas appelé, il le ferait demain matin. Il n’y avait pas beaucoup de décalage horaire entre la Suède et l’Angleterre ou elle faisait ses études. Clignant des yeux, il imprima les rapports pour l’inspecteur de la ville qu’il glissa dans une pochette. Ed ferait un détour par le commissariat pour déposer ses papelards avant de rentrer chez lui, de toute façon Göran devait encore être à son bureau. A croire que ce mec ne dormait jamais. Une machine ! Le Terminator suédois ! Sa pensée le fit sourire de sa connerie, alors qu’il se levait pour se débarrasser de sa blouse blanche qu’il déposa sur le dossier de son fauteuil. Il éteignit son ordi, vérifia rapidement que tout était en place avant de prendre sa doudoune (le ridicule tuait pas, mais il voulait pas se les gelés !).
Le portable dans la poche arrière de sa poche, il chantonna mentalement une chanson que des enfants lui avait apprise quand il avait bossé en Cote d’Ivoire... et s’arrêta quand il entendit une chanson venir du bout du couloir. What the fuck ?! Cet endroit était quasiment désert d’habitude et c’était encore plus le cas dans les sous sols où se trouvait son bureau. Intrigué et curieux, Edward finit par aller au fond du couloir, ouvrant la porte pour découvrir... un spectacle surprenant. Là, il y avait un mec, petit, la taille mince mais les épaules larges qui se dandinait au rythme de la musique -celtique ??- qui passait sur la vieille chaine hifi.
Ed baissa la musique avant de se tourner vers le gars... qui avait des yeux bleus à couper le souffle !
- Hé, dit-il avec un sourire. Je m’attendais pas à trouver quelqu’un ici à cette heure. Je suis le médecin légiste, le Dr Anderson, je bosse de l’autre côté du couloir.
Il fit un geste par dessus son épaule, histoire d’appuyer ses propos.
- Et toi, tu es ?
