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 Sur un air mortuaire. [SELIM]

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Timothy L. Carrington
Timothy L. Carrington

Erre ici depuis : 20/07/2014
Âge : 27 ans
Missives : 940
Occupation : Pianiste & compositeur
DC : Emrik & Eija.

Feuille de personnage
Dispo RP: 4 sujets en cours - Occupé
Son rêve: N'a pas encore fait son rêve, est en ville depuis environ un an.
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MessageSujet: Sur un air mortuaire. [SELIM]   Sur un air mortuaire. [SELIM] EmptyMer 13 Aoû - 19:53


Sur un air mortuaire
Selma & Timothy.

Il était venu les bras chargés de fleurs, comme d’habitude, comme toujours, comme depuis des mois. Il arpentait les mêmes allées, silencieux, si discret qu’on aurait pu le croire invisible. Dissimulé parmi les morts, Timothy ne vivait plus et les plantes qu’il tenait contre lui semblaient être les seuls à respirer encore. Au moins, ses jambes continuaient de le guider et le jeune homme avançait sans même réfléchir parmi les tombes, parce qu’il s’était déniché un petit coin de paradis juste ici, entre les quatre murs du cimetière. Pourquoi se rendait-il ici depuis son arrivée à Dödskalle ? Sûrement pour se dénicher un lopin de terre à l’écart des autres, au pied d’un arbre sans doute, une stèle familière qui lui rappellerait la tombe de son père et à côté de laquelle il voudrait qu’on l’enterre également. Timothy n’avait pas eu besoin de chercher trop longuement, dénichant justement l’emplacement idéal, juste à côté d’un inconnu qui gisait là sans qu’on ait pris la peine de graver son prénom dans la pierre érodée par le temps, le vent, le souffle de la vie qui venait rouler sur les os des cadavres afin qu’ils se transforment en poussière. Peut-être que c’était un homme qui se tenait juste sous ses pieds, tandis qu’il foulait la demeure éternelle de ce mort, déposant les fleurs délicatement sur le sol, un léger sourire aux coins des lèvres. Peut-être que c’était une femme, ou bien encore un enfant ? Peu importait dans le fond, la vie l’avait sans doute trop longtemps narguée alors la mort avait fini par reprendre ce qui lui appartenait.

Tim s’était assis en tailleur, les yeux rivés sur cette tombe, s’adressant ainsi à son père, Holden Carrington, sans pourtant prononcer le moindre mot. Le pianiste n’avait rien de spécial à lui raconter, lui faisant simplement le récit de ces dernières journées passées loin de lui. Un monologue des plus communs. Soupir.

Je sais que tu voudrais que j’arrête de venir ici, je sais bien que ce n’est même pas… ta tombe. Mais tu sais si j’en avais la force, je referai le chemin en sens inverse pour venir te rejoindre, mais je ne peux pas me résigner à faire demi-tour. Je suis bien ici, vraiment, et si on m’enterre je veux que ce soit là.

Pas un bruit autour du jeune homme. Silence. Pourtant il leva les yeux au ciel, comme si la brise légère lui avait soufflé une réponse.

Pardon, je sais que tu n’aimes pas qu’on parle de ça… Tu as raison, parlons d'autre chose. Oh, il fallait à tout prix que je te raconte mon rendez-vous avec Noah.

Si Holden avait été encore en vie, sans doute aurait-il gratifié son fils d’un haussement de sourcils, intrigué, avant de poser tout un tas de questions sur le fameux Noah afin de s’assurer que les intentions de ce jeune homme étaient tout à fait respectables. Timothy aurait rit, sa tête basculant doucement vers l’arrière, sa main fragile se posant sur ses côtes, se moquant tendrement de la réaction de son géniteur. Le musicien lui aurait alors certifié qu’il ne se passait rien entre lui et Noah, qu’il appréciait simplement sa compagnie mais qu’il n’y avait certainement pas de quoi en faire toute une histoire. Enfin, pour le moment.

Ou peut-être que cette scène s’était véritablement produite, là, bien au chaud dans les méninges de Tim, et que ses lèvres fines s’étaient étirées en un sourire rayonnant sans qu'il ait pour autant pris le temps de réaliser qu’il était bel et bien seul, assis au fin fond de ce cimetière. Mais une mélodie vint l’extirper du calme au creux duquel il reposait, et l’oreille aux aguets, il réalisa rapidement que cette complainte, contrairement aux autres, n’était pas le reflet de son imagination. Un piano ? Ici ? Au milieu des morts ? Timothy ne pouvait pas rêver mieux, et après s’être relevé, il s’approcha doucement de l’instrument pour ne pas l’effrayer, comme s’il s’agissait là d’un être vivant particulièrement dur à apprivoiser.

Elle jouait bien, le dos droit, ses doigts courant habillement sur les touches noires et blanches, reprenant cet air que Timothy connaissait par coeur au point de pouvoir l’interpréter les yeux fermés. Les paupières baissées, il appréciait justement la musique, jusqu’à ce qu’elle perde le rythme et que ses doigts s’emmêlent avant de les laisser retomber lourdement sur le clavier pour témoigner son mécontentement.

Debout derrière elle, la dame aux cookies dont il ne connaissait pas le prénom, Timothy eut un sourire tendre. Peut-être le pianiste avait-il fait une erreur en refusant sa compagnie au cours des derniers mois ? Au fond, elle n’avait pas l’air si effrayante que cela lorsqu’elle soupirait devant son piano, peu satisfaite de son morceau... Timothy hésita avant de faire un pas, sa main tremblante se posant sur l’épaule de la gardienne du cimetière, inclinant d’abord la tête vers elle pour la saluer avant de pointer le piano du doigt pour lui demander silencieusement la permission de s’asseoir à ses côtés.

Et sans ajouter un seul mot, son regard planté dans celui de la dame aux cookies, il reprit le même air, bougeant ses doigts lentement sur les touches afin qu’elle puisse retenir exactement la marche à suivre pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Les joues légèrement roses, il rangea ensuite ses mains sous le piano, espérant ne pas paraitre trop intrusif, ses yeux fuyant ceux de cette femme qui ne désirait peut-être pas être dérangée, et encore moins interrompue.  
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MessageSujet: Re: Sur un air mortuaire. [SELIM]   Sur un air mortuaire. [SELIM] EmptyVen 15 Aoû - 13:55


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❝ ft. Timothy L. Carrington ❞



Tu attends le bon moment. Ne te retourne surtout pas. La fébrilité te gagne pourtant à tel point que tu voudrais bondir de ton siège mais, tu sais que tu risques d'affoler ton appât. Tes épaules s'affaissent, marquant une honte apparente à ton échec volontaire. Tu ne fais qu'illusion pour berner l'ange qui s'agite dans ton dos. Ses pieds claquent légèrement contre les dalles de pierre, petits pas à la douceur de plume. Pourtant, tu as regardé cet homme sous tous ses angles, c'est, comme toi, un géant que beaucoup ont du mal à surpasser. Un être au-dessus. Tu ne t'intéresses pas à n'importe qui, loin de là. Toi, Selma, tu as tes préférences et tes exigences. Vieillarde folle est capricieuse que tu es. Une main effleure ton épaule, petit avertissement silencieux. Tu fais mine de sursauter, courbant le dos et te retournent pour aviser Timothy. C'est bien lui. Face à ta première victoire, un mince sourire étire tes lèvres. Ta mine accablée n'a pas disparue, mais l'étincelle dans ton regard démontre que tu es ravis de sa présence. Ce n'est pas un mal, ni une erreur. Au contraire. Mais tu n'oublies pas que, depuis huit mois, cet homme n'a pas lâché une syllabe. Tu n'es pas censée connaître son prénom. Bien-sûr, tu sais tout sur tout dans cette ville, et tu ne le caches pas. Le garçon pointe d'un doigt longiligne et fin les touches du piano, et tu t'écartes pour lui laisser la place, sans parler. Tu prends le temps de savourer ce moment, d'apprécier ta nouvelle victoire. En huit mois, tu parviens enfin à l'attirer dans tes filets. Une nouvelle satisfaction personnelle qui gonfle ton ego déjà bien ballonné.


Lorsque ses doigts timides touchent le clavier, la transformation s’opère. Face à l'instrument, le jeune homme timide devient expert. Tu observes ses traits fin qui semblent sculptés dans la pierre, pourtant doux et polies. De toute ta vie, tu n'as jamais vu pareille enveloppe de chair. Une véritable petite merveille. Parfait pour ta collection. Tu ne veux pas le mettre dans ton lit, le pauvre bougre est bien trop jeune pour toi. Non, tes intentions sont autres … Tel un objet de collection, une œuvre d'art, tu le veux pour toi, rien que pour toi. Peut-être même que tu ne le tueras pas, lui. Contrairement aux autres, tu le devines bien plus attrayant en mouvement quand dans la rigidité de la mort. Ou planqué six pieds sous terre. Tu divagues complètement, jusqu'à ce que la mélodie te gagne. Dans ton orgueil, tu dois reconnaître que malgré ta bonne prestation, la sienne gagne la perfection. Puis la musique cesse, la timidité maladive reprend ses droits sur Timothy, et ce dernier planque ses mains pourtant merveilleuses sous le piano. A la vision des rougeurs qui gagnent ses joues, un sourire illumine ton faciès. La bouffée qui te gagne pourrait s’apparenter à de la tendresse, mais tu es bien trop malsaine pour ça. Non, tu sais de quoi est fait cet homme là. Le manipuler sera bien plus facile encore. Le silence gagne l'espace autour de vous, et tu attends un moment avant de poster une main à tes lèvres. Songeuses, tu frottes ton doigt contre tes babines fines, étudiant soigneusement la meilleure manière d'opérer.

Tu es minutieuse et prudente. Assez intelligente pour éviter les pièges. Mais aussi maniaque. Quelques secondes à peine s'écoulent, avant que tu ne reprennes une posture droite, pour poser tes doigts sur les touches. Doucement, tu reprends la mélodie. Volontairement imparfaite, mais bien plus correcte. Les notes s'écoulent, le temps défile, tes paupières clauses donnent à tes traits un air des plus serins, avant que tu ne cesses de jouer. Tu as repris note pour note ses indications muettes, lui faisant ainsi comprendre que tu as saisis le message qu'il pense te transmettre. Puis, tu tournes le menton vers lui, souriant avec gentillesse. Changer de masque est si facile … Toi qui sais même pleurer sur commande. Difficile de ne pas tomber dans le panneau.

« - Timothy, c'est ça ? Tu demandes tout en te mordant la lèvre, faisant mine de ne pas être certaine de ce que tu avances. Il me semble vous avoir entendu au restaurant de la ville, si j'avais su que vous étiez là … Tu fais, l'air embarrassée, je ne vous aurais pas imposé une telle torture.

Tu soupires, faisant glisser tes doigts sur les touches, mimant la mélancolie.

- Je n'ai pas joué depuis des années … C'est mon défunt mari qui m'a offert ce petit bijoux.

Et on ajoute le petit air triste en prime, la bouille navrée et faussement douloureuse. Puis, tu te redresses, frottant tes cuisses de tes mains avant de te racler la gorge.

- Mes excuses, je divague totalement …  Je m'appelle Selma, au fait. », tu te présentes, tendant une main presque aussi grande que la sienne, en douceur, sans trop angoisser l'animal.



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Timothy L. Carrington
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MessageSujet: Re: Sur un air mortuaire. [SELIM]   Sur un air mortuaire. [SELIM] EmptyLun 25 Aoû - 22:45

Si on avait demandé à Timothy de dresser la liste de toutes les choses qui le rendaient heureux, le jeune homme aurait été incapable d’écrire quoi que ce soit puisqu’il ne savait tout simplement pas. Il ne cherchait pas à faire en sorte que les autres s’apitoient sur son sort ou qu’on lui prête un tant soit peu d’attention, bien au contraire. Moins il existait, et plus Timothy était… Heureux ? Non, ce n’était pas vraiment le terme approprié, pas le bon mot à employer dans ce cas précis. L’idée de ne pas être du monde ne le réjouissait pas plus qu’une autre parce qu’en vérité, c’était devenu une nécessité, aussi vitale que l’oxygène qui emplissait ses poumons. Paradoxal, n’est-ce pas ? Il n’y avait pourtant rien de plus vrai. Timothy ne pouvait tout simplement plus avancer. La vie avait été cruelle au point de lui offrir une souplesse surprenante, tant et si bien qu’il s’était penché, courbé, plié à maintes reprises, mais il ne s’était jamais brisé pour de bon, au point de ne plus pouvoir se relever. Pourtant, ce n’était pas faute d’avoir essayé. En dernier recours, il s’était mis à prier en espérant que le ciel finirait par entendre son appel silencieux, sa plainte inaudible au creux de la nuit noire, les poings tendus vers l'infini, ses prières roulant doucement le long de ses joues. Non, Timothy ne pouvait tout simplement plus rester parmi les vivants et faire comme s’il était des leurs, comme s’il appartenait au même monde. Le poids sur ses épaules était devenu trop lourd et ses os commençaient à réclamer un peu de paix eux aussi, sans quoi ils menaçaient de craquer, de céder, de se briser. Enfin, ce serait bien là la preuve que Timothy était véritablement détruit.

Alors il était venu se réfugier ici, dans cette ville sombre et lugubre dans le seul but d’attendre qu’elle survienne, qu’elle le surprenne au coin d’une ruelle mal éclairée et qu’elle l’embarque sans lui demander son avis, qu’elle l’emmène rejoindre son père, dans une vaste clairière où il pourrait se reposer suffisamment longtemps pour que son prénom s’efface de toutes les mémoires et qu’il soit enfin libre. Elle, qu’il avait cherché désespérément. Elle, à qui il offrirait tout du moment qu’elle promettait de ne jamais rien lui rendre. Elle, la seule en qui il croyait véritablement et qu’il pensait cachée parmi les dédales de Dödskalle. Elle, sa délivrance. Celle qu’il venait retrouver de temps à autre, directement dans le cimetière de la ville suédoise, pour lui offrir un beau bouquet de fleurs. Pas pour la remercier, non, pour la supplier de ne plus le faire patienter de la sorte. Il était prêt à présent, il pouvait la rejoindre. Timothy n’avait plus rien à perdre, puisqu’on lui avait tout arraché.

Mais dès lors que ses longs doigts fins frôlaient les touches immobiles d’un piano, Timothy semblait toucher le bonheur, ce petit éclat qui raisonnait dans tout son corps et qui lui donnait enfin l’impression d’exister, de naitre seulement. Lorsqu’il jouait, l’homme n’était plus résigné, il battait le rythme, il comptait les mesures comme le médecin pouvait tater le pouls d’un malade. Et pour soigner ses maux, Tim laissait ses empreintes sur le clavier de l’instrument, traces invisibles de son passage sur terre, seuls témoignages de sa présence que le temps ne suffirait pas à effacer, même après son départ. Les notes se chargeaient de panser ses blessures, juste un court instant, le temps d’une balade, d’une douce mélodie. Et parce qu’aucun son ne pouvait exister sans le silence, Timothy avait fait le choix de rester muet afin de laisser l’instrument s’exprimer, lui prêtant sa voix, celle qu’il refusait de faire entendre comme s’il s’agissait là d’un trésor inestimable. Mais c’était exactement le contraire ; le pianiste ne la partageait pas parce qu’elle ne valait plus rien, parce qu’elle était teintée de la honte qui empoisonnait ses veines et le paralysait, qui lui nouait la gorge et endormait sa langue afin qu’il ne parvienne plus à émettre le moindre son sans l'aide de son instrument de prédilection. C’était sans doute pour cette raison qu’il se laissait autant emporter par la musique. Parce qu’il ne connaissait pas d’autre moyen de s’adresser aux autres et de leur faire comprendre qu’il n’était que de passage, qu’il allait finir par s’éteindre lui aussi, par être l’écho distant des morceaux qu’il avait composé avant de se replonger dans le silence éternel.

Quand il osa à nouveau poser son regard sur la gardienne du cimetière, il lui offrit un maigre sourire en voyant cette dernière qui reprenait le même air, s’appliquant pour ne pas faire de faux pas cette fois-ci, quelques imperfections sautant parfois aux oreilles de Tim sans que le jeune homme ne les fasse remarquer pour autant. Il devait bien avouer qu’elle était une élève plutôt douée et il était déjà en train de songer à d’autres airs qu’il aurait pu lui apprendre quand elle parviendrait à maitriser celui-ci. Captivé par les doigts de la dame sur le clavier, concentré sur le moindre de ses mouvements, il fut presque surpris lorsqu’elle parvint au bout du morceau, se tournant vers lui, souriante. Ses yeux clairs scintillaient d’une lueur rassurante et Timothy se surpris à lui rendre son sourire avec sincérité, comme pour lui faire comprendre qu’elle s’était très bien débrouillée. Il n’était pas fier, non, il n’y était pour rien, il n’avait pas la prétention de croire que sa petite démonstration avait eu le moindre impact sur le talent déjà indéniable de cette charmante dame, mais il était simplement ravi de voir qu’il pourrait enfin envisager de composer des mélodies à quatre mains, maintenant qu’il l’avait trouvée. Est-ce que c'était elle, celle qu’il avait longuement cherché ? Elle, sa délivrance ? Non, certainement pas. Elle n’avait pas le visage de la mort, elle semblait douce et agréable, tendre et passionnée.

Le musicien hocha simplement la tête à l’évocation de son prénom, ses joues rougissant lorsqu’il l’entendit quitter les lèvres d’une personne qu’il rencontrait véritablement pour la première fois. Était-ce un peu de joie qui venait teinter ses pommettes ? Qui pouvait vraiment le savoir… Mais les propos de la gardienne semblait un peu trop durs envers elle-même, et la main de Timothy amorçât un mouvement avant de s’immobiliser en pleine course, retombant sur sa propre cuisse plutôt que de venir saisir les doigts de cette dame pour tenter de la rassurer. À quoi bon essayer de la mettre plus à l’aise quand il n’était lui-même pas certain de ce qu’il venait faire ici, et plus particulièrement sur ce tabouret face à une inconnue ? Certes, elle ne l’était pas tant que ça, mais Timothy la considérait malgré tout comme une étrangère et il n’était certainement pas près à se montrer aussi affectueux. Il se contenta de faire non de la tête, les yeux écarquillés, apeuré à l’idée qu'elle puisse penser cela d’elle-même, avant de baisser la tête vers l’instrument en songeant à l’homme qui avait offert ce bijou à son interlocutrice. Était-ce le destin de tous les mélomanes d’être supprimé de la surface de la planète lorsqu’ils se chargeaient de faire plaisir à leur entourage ? Sans doute. La mort en avait décidé ainsi.


Timothy poussa un soupir, songeant à son père et à son premier piano électronique que ce dernier lui avait offert quand il n’était encore qu’un enfant, quand la voix de Selma le tira finalement de ses songes, la tristesse lisible sur son visage s'estompant presque aussitôt. Elle lui tendit la main. Il hésita longuement. Au moins une fois dans sa vie, il aurait souhaité ne pas avoir à parler, se présenter, discuter, bavasser, papoter de choses et d’autres avec la première venue. Il aurait voulu que le contact de sa peau contre celle d’un individu qu’il ne connaissait pas ne soit pas nécessaire. Il aurait tout fait pour que leur échange ne se fasse qu’au travers des sons que produisaient les touches juste devant eux, à portée de main justement. Alors par politesse, Tim saisit la paume de cette dame, doucement, presque comme s’il avait peur de se brûler les doigts au passage, souriant timidement avant de se tourner à nouveau vers l’instrument, inclinant sa tête vers ce dernier pour inciter Selma à le suivre dans la course folle de ses doigts sur le piano. Il avait tellement de choses à lui montrer et à lui apprendre, il n’avait pas de temps à perdre. Qui savait vraiment s’il serait encore vivant demain ? À qui pourrait-il transmettre son savoir ? À elle, rien qu’à elle.

Est-ce que c'était elle ? Est-ce qu’elle était sa délivrance ? Non, certainement pas. Elle était une infime étincelle qui raisonnait dans tout son corps et qui lui donnait envie de jouer sans cesse pour avoir l’impression d’exister, de renaitre enfin. Et Timothy avait soudainement la sensation qu'en lui léguant tout ce qu'il connaissait, il pourrait partir. Heureux.
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MessageSujet: Re: Sur un air mortuaire. [SELIM]   Sur un air mortuaire. [SELIM] EmptySam 30 Aoû - 16:12


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❝ ft. Timothy L. Carrington ❞



Tes doigts dansent sur les touches lisses, la mélodie te transporte, et tu t'oublies presque. Ton corps qui t'encombre parfois se soulève totalement, assez pour t'émouvoir comme peux de choses peuvent le faire. Les sens en alerte, tu fais confiance en ton ouïe pour évaluer les mouvements de ta nouvelle compagnie. Le jeune garçon semble immobile et si silencieux, que tu pourrais l'oublier, s'il n'avait pas été l'objet de ton petit subterfuge. Tu n'as jamais eu de réelle passion pour la musique. Rien ne saurait te transporter, ou t'émouvoir autant que la mission qui t'incombe. L'art n'est qu'un artifice de plus pour pousser l'être humain à ressentir. Vide comme tu es, tu n'a pas besoin de cette supercherie. Tu apprécies, sans en faire tout un drame ni toute une histoire. Mais pour mener à bien ce que tu penses être une mission, tu sais que tu te dois de jouer le jeu, de le pousser jusqu'à son paroxysme.  Quand tu cesses ta mélodie, tu fais ce qu'il faut pour le rendre totalement crédible. Mimant la femme plus si jeune accablée par un soit disant manque de talent indéniable. La réaction de Timothy est, visiblement, des plus satisfaisantes. L'air meurtri et alerté, la créature aux airs d'ange t'observe avec aphasie, avant de timidement lever l'une de ses longues mains. Tes prunelles glacées observent le geste, sans surprise, simples spectatrices. Puis, la patte retombe sur l'une de ses cuisses, et tu lèves ton menton fier et ouvert au monde pour admirer le jeune homme aux boucles blondes.

Une vraie broussaille, ses ondulations … Oui, ce Timothy semble sortir tout droit d'une peinture de Michel Ange. Ses traits fins portent l'aspect de ces statues grec finement taillées dans la pierre. Pour l'éternité. Un être parfait. Oui, vraiment. Tu voudrais bien le conserver pour en faire le trophée de ta collection, ou ta muse. Un léger sourire en coin se dessine aux commissures de tes babines, lorsque Timothy prend cet air effaré si adorable. Non, vraiment … Tu ne veux pas le tuer, celui-là. Il n'a pas sa place comme macchabé sous tes tombes. Que ta ô combien douce faucheuse te pardonne cet affront, si cet ange ne tombe pas immédiatement entre ses filets, mais tu mérites bien ce petit écart de conduite. Sage et docile, tu fais mine de comprendre et un rire fin et délicat s'échappe d'entre tes lèvres.

«  - D'accord, d'accord, je veux bien … Tu réponds sagement à son invitation à reprendre la partie.

Tu t'agites légèrement sur ton siège, pivote sur le côté et lève tes deux mains presque aussi immenses que les siennes au-dessus des touches. Pourtant, du coin de l’œil, tu continues d'observer le jeune muet. Muet … L'est-il ? Tout le monde le pense, mais tu as eu ouïe dire que parfois, une parole s'échappe de ses lèvres. Mais uniquement aux gens de confiance … Tu connais assez de monde dans cette ville pour qu'un vieux gueux te fasse cette confession en la pensant entre de bonnes mains. Mais tu sais pertinemment que tu pourrais l'utiliser à ton escient.  Oh, bien-sûr, tout ce que tu fais est bien. Ce ne sont que ces abrutis d'êtres inférieurs qui s'imaginent qu'éliminer pour le bien de la mort elle-même n'a rien de sensé. Mais toi tu t'en moques totalement. Comme beaucoup d'être intelligent, tu te crois au-dessus des lois et des conventions sociales, tu ne te considères même pas comme un être humain. Mais plutôt … Comme une mère supérieure, la mère supérieure des anges de la mort. Et ce petit Timothy est l'être idéal pour ta distraction. Ce n'est pas une obsession malsaine et abjecte, oh non, loin de là !

Il n'est pas non plus celui que tu choisirais pour avoir ta dose d'endorphine quotidienne … Trop jeune. Magnifique, sûrement puissant, mais bien trop éphèbe pour toi. Et trop sensible, trop … Tendre et farouche. Non, tu te vois davantage comme une gardienne, prête à le protéger et à le garder jalousement pour elle. Voilà, c'est exactement ça. C'est donc d'un air sérieux et concentré que tu t'appliques à composer la mélodie qu'il t'impose, le joignant en y ajoutant quelques imperfections. Si tu agis par fierté, que tu te laisses mener par ton envie de montrer toute ta sagesse et ton savoir, tout ton talent, ta proie se lassera. Ce n'est pas ce que tu veux, toi, Selma. Non, tu désires qu'il souhaite par lui-même te rejoindre chaque fois qu'il le pourra pour t'apprendre encore et encore à te perfectionner. Qu'il croit. Doucement, en parfaite harmonie avec la poésie des lieux, votre mélodie implose dans l'air. Un accord imparfait pour les oreilles avisées, mais sans fausses notes pour les plus amateurs. Contrairement aux apparences, glisser quelques faux accords dans la danse folle de tes serres acérées n'a rien d'évident. Puis, bientôt, lorsque la complainte s'achève et laisse planer au-dessus de vos têtes un silence presque salvateur, tu glisses tes pattes fines sous le piano, lissant le pantalon striant tes cuisses longilines.

Pendant une minute, le silence est d'or et aucun n'a de regard pour l'autre.

- Eh bien … Voilà qui était … Inattendu.  Fais-tu mine de t'émouvoir, lui adressant une œillade brillante et faussement affectée. Merci, Timothy … C'était très agréable.

Un sourire mélancolique se peint sur ton faciès faussement fatigué, et tu redresses ta longue silhouette pour quitter ton siège. Une délicate odeur de rose emplie tes sens lorsqu'un léger courant d'air va de la porte de ta demeure jusqu'à l'ouverture de la haie à ta gauche.

- Malheureusement, j'ai mes limites, tu précises en grimaçant légèrement. Je crains d'être trop fatiguée … Tu soupires, passant plusieurs doigts entre tes mèches diaphanes.

- J'ai tout intérêt à prendre du repos, si je veux avoir une chance de pouvoir être à votre hauteur un jour. Qui sait … Ta phrase se suspent sur un sourire mystérieux. Mais je fais un thé excellent et sans une touche d'imperfection, néanmoins. Tu précises en levant l'index.

Tu ne dois surtout pas précipiter les choses. Ce petit trouillard semble refuser le moindre aliment que tu tentes de lui offrir. Autant changer de tactique.

- Vous pouvez vous servir de mon piano, si vous le désirez. J'aime bien vous entendre jouer … Dois-je préparer deux tasses ? J'insiste, même si vous ne prenez rien, restez et jouez pour moi … S'il vous-plaît … J'aime à penser qu'ils peuvent entendre ... Tu demandes de ta voix la plus douce, l'air presque implorant de cette femme désespérément seule et attristée.  Tout en levant les yeux vers la haie, comme si, au travers des feuilles, tu peux voir les tombes. A moins que vous ayez quelque chose de prévu, dans ce cas, j'espère vraiment vous revoir, Timothy. Ma maison est bien trop grande, je me fais une joie à l'idée d'avoir un nouvel ami. »

Tu hausses alors légèrement les épaules, souriant davantage. De ton plus beau sourire, avant de tourner les talons pour te diriger à l'intérieur. Là où, de la fenêtre, on aperçoit ta cuisine. D'ici, tu sais qu'il te verra tout préparer. Ainsi, tu lui offres la possibilité de s'échapper si l'envie l'en prend, ou de rester à tes côtés pour quelques petites heures encore.



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MessageSujet: Re: Sur un air mortuaire. [SELIM]   Sur un air mortuaire. [SELIM] EmptyLun 8 Sep - 19:27

Elle y croyait aussi. Ils avaient cela en commun. Elle l’avait gentiment remercié, lui faisant remarqué qu’elle avait ses limites. Elle avait été suffisamment gentille pour lui emboiter le pas et pour jouer avec lui une nouvelle fois. Il fallait bien avouer qu’il avait beaucoup de mal à trouver d’autres musiciens avec qui il pouvait se permettre de laisser ses doigts courir sur l’instrument sans craindre qu’on ne puisse pas le suivre. Ses rares élèves n’avaient pas plus d’une quinzaine d’années puisqu’il enseignait généralement aux classes de la ville, alors à moins de tomber sur un véritable prodige, il avait peu de chances de pouvoir constituer un duo… Il y avait bien Yngve, le fossoyeur de Dödskalle qu’il croisait aussi lorsqu’il se déplaçait jusqu’au cimetière pour déposer un bouquet sur la tombe de l’inconnu, mais c’était encore autre chose. Yngve débutait, il n’avait pas encore l’assurance ni la maitrise de Selma. Timothy observait d’ailleurs cette dernière tandis qu’elle passait une main dans ses cheveux trop pâles, lui souriant timidement en détournant le regard comme s’il était gêné d’être simplement là, à côté d’elle, d’exister auprès d’elle et d’être venu l’importuner quand elle était vraisemblablement en train d’apprécier un moment en tête à tête avec son piano. Elle était suffisamment gentille pour ne pas l’envoyer paitre alors qu’il s’était pourtant assis sur son propre tabouret et qu’il s’était permis de lui donner une leçon improvisée même si elle n’avait rien demandé. Timothy ne savait pas vraiment comment il aurait réagit à sa place. Il aurait pris peur sans doute, il se serait levé d’un bon et il aurait fuit sans prendre le temps de se retourner, mettant le plus de distance entre lui et le potentiel intrus qui venait le déranger. Par la suite, il se serait sans doute maudit de ne pas avoir tenté de tenir tête à celui qui s’était installé sur son banc et qui avait frôlé les touches de son piano. Alors oui, le moins que l’on puisse dire, c’était que Selma était aimable, polie et certainement très patiente aussi. Mais au-delà du fait qu’elle soit suffisamment généreuse pour lui faire des compliments et lui proposer de rester pour boire le thé en sa compagnie après sa gênante intrusion, il y avait autre chose qui fascinait Timothy encore davantage.

Elle y croyait aussi. Elle l’avait dit. Elle avait prononcé les mêmes mots que Tim répétait parfois en boucle dans sa tête en songeant qu’il était devenu fou, qu’il n’y avait plus rien chez lui qui tournait rond et qui lui permettait encore d’avoir une pensée qui ne soit pas le fruit de nombreuses années de silence. Il cogitait bien plus qu’il ne s’exprimait et il avait finit par divaguer complètement, par croire que les morts pouvaient l’entendre. Pas n’importe quel défunt non, pas ceux qui croupissaient sagement autour d’eux tandis qu’il observait Selma qui regagnait déjà sa demeure. Pas les quelques dizaines de squelettes qui pourrissaient six pieds sous terre et qui s’étaient laissés bercer par la mélodie qu’ils avaient repris ensemble. Non. Simplement son père. Il était là lui aussi, il les avait certainement entendu. Timothy se tourna doucement sur le tabouret, jetant un coup d’oeil aux alentours, espérant l’apercevoir sous un arbre ou se tenant là, juste contre le mur, un sourire aux coins des lèvres, ses lunettes posées sur le bout de son nez, sa pipe à la main, comme s’il rentrait tout juste du travail. Comme s’il était un jour rentré du travail. Comme s’il n’était jamais parti par un matin banal.

Bien sûr qu’Holden pouvait entendre son fils, Timothy ne pouvait se permettre d’en douter. Il n’était sans doute pas présent physiquement mais il se baladait parmi eux. Il vivait encore à travers lui, le pianiste en était intimement persuadé. Le jeune homme avait tenté de l’expliquer à sa mère, il avait essayé de lui faire entendre raison et de lui prouver qu’ils n’étaient pas seuls, qu’il ne le seraient jamais vraiment parce qu’il était encore là, veillant sur eux, s’exprimant dans sa tête. Non, Tim n’était pas schizophrène. Il n’entendait aucune voix et il savait pertinemment qu’il s’agissait bien de la sienne qui imaginait sans cesse les réactions de son père. Mais il n’en était pas moins certain qu’Holden pouvait approuver de l’endroit où il se trouvait. C’était sans importance s’il était dans le ciel ou profondément enfoui dans les entrailles de la terre, du moment qu’il était toujours bel et bien réel. La mère de Timothy n’avait pas compris, elle lui avait expliqué à de maintes reprises que papa ne serait plus là, papa ne reviendrait pas, papa ne respirait plus. Papa n’existait plus. Mais c’était faux, c’était un vaste mensonge auquel Timothy refusait catégoriquement de croire. Et aussi simplement que cela, au cours de leur échange à une seule voix, Selma avait prononcé ces mots comme si c’était évident, comme s’il n’y avait pas de plus grande vérité. Le musicien aimait à croire lui aussi que les morts pouvaient l’entendre, sans cela, pour qui jouerait-il exactement ? Pas pour les vivants non, ils ne le méritaient sans doute pas. Ils ne le mériteraient jamais.

Selma était partie depuis quelques minutes quand Timothy releva finalement la tête, ses doigts s’entremêlant nerveusement sur ses cuisses, ne sachant quoi faire. Il voulait la rejoindre et lui demander si elle pensait vraiment ce qu’elle disait ou si ce n’était que des paroles en l'air. À force de trop s’exprimer, le monde perdait tout son sens et les gens finissaient par ne plus penser ce qu’ils disaient, alors Tim avait de bonnes raisons de se poser ce genre de question. Ses yeux se posèrent sur les touches du piano, un soupir lui échappant. Il hésitait. Après tout, il n’avait rien à craindre avec elle, pas vrai ? Elle ne ressemblait en rien à son bourreau. Il n’y avait pas le même éclat dans ses yeux clairs. Elle semblait calme. Elle semblait être la main qu’il aurait parfois besoin de serrer quand il n’y aurait plus rien d’autre pour le guider, pas celle qui viendrait encercler sa gorge pour le priver d'oxygène. Il pouvait lui faire confiance, pas vrai ? Essuyant ses paumes moites sur son pantalon, il se leva doucement, jetant un coup d’oeil à la fameuse dame aux cookies, réduisant petit à petit l’espace qui la séparait d’elle, gardant ses yeux fixés sur elle tandis qu’elle préparait le thé. Peut-être qu’il pouvait lui parler. Peut-être qu’elle connaissait les rumeurs qui couraient sur la ville. Peut-être qu’elle pouvait l’éclairer. Il la rejoint dans la cuisine, debout dans l’encadrement de la porte, ses mains jointes devant lui et les épaules un peu courbées comme pour exprimer son éternel embarras, son fardeau qui pesait trop lourdement sur son dos.

Il ouvrit la bouche, puis plus rien. Pas un son. Il aurait aimé être capable de s’en excuser. Ses joues se teintèrent d’un léger voile rose tandis qu’il essayait de convaincre sa langue de finalement se délier. Dans un murmure, quelques mots finirent par lui échapper. « Juste une tasse, s'il vous plait. », dit-il avant de s’éclaircir la gorge comme si ses propos avaient manqué de l’étouffer. Et pour la première fois depuis longtemps, Timothy avait la sensation que son père pourrait se joindre à leur conversation. Parce qu’elle aussi, elle y croyait.
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MessageSujet: Re: Sur un air mortuaire. [SELIM]   Sur un air mortuaire. [SELIM] EmptySam 13 Sep - 10:00


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Sur un air mortuaire
❝ ft. Timothy L. Carrington ❞



Dans ton entre, tu t’affaires à tes tâches. Tu as une conscience aiguë de la présence du jeune homme derrière ta fenêtre, mais comme une bête sage et docile, tu fais mine de ne pas t'en soucier. Tu lui laisses toute la liberté possible, pour pouvoir obtenir ce que tu désires : Sa confiance. De gestes experts, tes longs doigts osseux s'agitent furtivement pour préparer tes compositions. Une touche de menthe, et tu fais bouillir l'eau grâce au gaz. Tu ne possèdes pas de machineries endiablées telles qu'un micro-ondes. Cette saloperie est un véritable nid à mauvaises ondes. Tout en fredonnant un air que tu chantais étant enfant, tu allumes la gazinière, dépose une casserole de cuivre et tourne les talons. Chacun de tes gestes gracieux ressemblent à une danse légère et insouciante. Insouciance … Ton être entier en respire et expire. Non, peut-être est-ce de la candeur … Quelque chose de pur et inoffensif, en tout cas. Et tu le fais avec un naturel désobligeant et parfaitement crédible. Cette joie est dans ta nature, tu n'as aucunement besoin de te forcer. Du coin de l’œil, tu avises la silhouette courbée de Timothy, il semble hésiter. Pendant une fraction de secondes, tu t'autorises même une œillade rapide dans sa direction pour observer ses traits tendus, ses sourcils froncés et le pli adorable de ses commissures.

Il fait un mouvement, et aussitôt, tu détournes le menton pour qu'il ne capte pas ton regard curieux. Ne pas lui donner l'impression que tu attends, surtout pas. C'est une bête farouche et timide que tu dois savoir apprivoiser lentement et sûrement, alors avec un sourire en biais, tu ouvres la porte de ton frigidaire planqué derrière une porte d'un bois délicat, y attrapant plusieurs petites gâteries de ton crue. Cookies, muffins colorés et autres friandises qui te donnent l'eau à la bouche. Derrière toi, tu n'entends même pas les pas de souris des pieds pourtant grands du garçon aux boucles blondes. Ce n'est qu'aux quelques petits bruits et à la sensation étrange d'être épiée, que tu tournes le menton vers la fenêtre. Timothy n'est plus juché sur le siège du piano et, lorsque tu pivotes sur tes talons, tu le vois planté à l'entrée. Comme toujours,  boucle d'or reste prostré et semble fasciné par ses grands petons. D'un sourire tendre, tu l'invites à entrer. Mais, à ta grande stupeur, ses lèvres s’entrouvrent. D'abord, ce n'est qu'un souffle inaudible qui t'accable de déception, puis tout doucement, la voix enroué de Timothy s'insinue dans la pièce. Heureusement qu'il n'y a pas un chat dans les parages, auquel cas tu aurais loupé l'occasion d'entendre pour la première fois en huit mois le son de cette voix étrangement plus grave que tu ne t'y attendais. Une voix d'homme, voilée par l'angoisse et à peine audible, certes. Mais une voix d'homme quand même.

Tu pinces les lèvres, tentant de masquer ton sourire victorieux. Il parle ! Cette réplique, qui pourrait sembler bien sarcastique, tu la gardes pour toi. Non, en vérité, tu es complètement subjuguée et surexcitée. S'il ose enfin cracher trois syllabes, c'est un très bon progrès. La fierté gonfle tes poumons, et tes babines fines s'étirent avec sagesse.

« - Bien, juste une alors, tu réponds le plus naturellement du monde. Timothy a osé formuler une simple phrase, mais ça ne veut pas dire que tu as déjà gagné la bataille. Le brusquer n'est vraiment pas une idée ingénieuse. Autant jouer la presque indifférence.

Ainsi, tu lui montres aussi que de toute évidence, tu sais déjà qu'il n'est pas muet. Doucement, tu disposes le tout sur la table. Question pratique. Et tu lui laisses même la place la plus proche de la porte de sortie. Une issue pour lui qu'il verra sûrement d'un bon œil.

Tu n'es vraiment qu'une sale manipulatrice.

- La place est libre ...

Tes prunelles azures observent le jeune homme, un air plein de malice dans le regard. Comme pour lui montrer l'exemple, l'une de tes pattes longilignes tire sur la chaise pour attirer celle-ci vers toi, et avec flegme, tu te juches sur les quatre pieds de bois tout en prenant la théière fumante pour t'en servir. Au cas ou, tu as tout de même laissé une tasse sur le plan de travail. Tes friandises au centre de la table laissent entendre à ton nouvel invité qu'il peut se servir s'il le désire mais, cette fois, tu ne lui proposes rien. Au bout de huit mois, la leçon est bien apprise. Il est comme un gamin qui refuse la nourriture des inconnus. Le silence semble d'or, et tu ne fais rien pour le briser. Toi, Selma, tu es une femme qui adore le silence en général. Il t'apaise. Mais il met mal à l'aise beaucoup de monde. Pourtant, tu es certaine que ce n'est pas le cas de ce garçon qui passe le plus clair de son temps à jouer l'avare des mots.  Ce n'est qu'au bout d'un moment, tandis que la théière repose sur la table avec un petit claquement, que tu lèves enfin les yeux vers Timothy. Un nouveau sourire naît sur tes lèvres, tandis que tu poses ton menton au creux de ta paume.

- Tout va bien en ville ? Vous êtes ici depuis un moment mais … Au fond, huit mois, ce n'est vraiment rien. »




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