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 I am not there, I do not sleep | Sanja

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Dahud S. O'Domhnaill
Dahud S. O'Domhnaill

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MessageSujet: I am not there, I do not sleep | Sanja   I am not there, I do not sleep | Sanja EmptyLun 24 Nov - 0:44

Don't stand at my grave and weep




Dahud avait enfin fini sa journée de travail, et il en était bien content. Il avait beau aimé sa nouvelle occupation et parer ses clients des plus beaux atours avant le dernier départ, la compagnie des morts laissait parfois à désirer. C'était simple, il avait l'impression de ne presque plus faire partie du monde des vivants ces jours-ci, occupé qu'il était avec ses chers protégés, comme s'il vivait au Sidh à présent. Une impression renforcée par les jours de plus en plus courts et le froid qui s'infiltrait partout, dans chaque recoin, faisant frissonner les peaux plus pâles et satinées, allant jusqu'à glacer l'âme parfois. Et Dahud, sous son mince caban se sentait encore plus seul dans les rues et ruelles désertées de cette ville à l'écart de tout. Cette ville qui semblait elle aussi coupée du monde, comme prisonnière d'un entre-deux étrange sans qu'on puisse se l'expliquer. Pourquoi les morts avait l'air bien plus présent ici que partout ailleurs ? Depuis qu'il était ici, depuis qu'il travaillait avec eux, il avait toujours l'impression d'être regarder, de sentir quelque chose juste au coin de son œil, mais il suffisait qu'il tourne la tête pour que cette impression disparaisse. Cela ne l'effrayait pas, après tout, il avait l'habitude de parler avec les morts, de les rassurer afin de peut-être les réconforter, mais cela ne l'empêchait pas de désirer ce soir, plus que tout, la présence d'êtres humains vivant, de la chaleur, des rires et même des larmes qui les caractérisait. Tout plutôt que de retourner dans son taudis mal isolé, seul avec lui même. Et c'était exactement pour ça qu'il se dirigeait vers le Den Helig Kräftor, à la recherche d'un peu de présence humaine, autre que celle de Göran qui, il le savait, était occupé ce soir. Il n'était encore jamais venu dans cet endroit, les six premiers mois de son arrivée à Dodskalle avait surtout été consacré à son installation en ville, à son rétablissement et à l'apprentissage de son tout nouvel emploi grâce à internet et aux livres de la bibliothèque de la ville la plus proche. Sans parler de ses tentatives, finalement couronnées de succès, pour séduire ce cher inspecteur Falk. Le seul endroit qu'il fréquentait assez régulièrement était le bar de la ville, histoire de faire honneur à son héritage celte.

Il pénétra donc dans l'établissement, regardant alentour et appréciant le décor de l'endroit, chaleureux et réconfortant, en contraste parfait avec l'atmosphère mélancolique de la ville et exactement ce dont le jeune homme avait besoin ce soir. Il pourrait prendre un bon lait fraise avec un petit quelque chose à manger et profiter de la présence d'autrui même sans parler à quiconque (même s'il espérait tout de même faire connaissance avec de nouvelles personnes). Ne voyant pour le moment aucun membre de l'équipe du restaurant, Dahud alla donc s'installer à une table avec vue sur la rue sombre et déserte, assez intimiste sans être complètement isolée du reste de la pièce où d'autres convives faisaient ripaille en riant sur fond du cliquetis des couverts. L'irlandais laissa traîner son regard sur ceux ci, observant les différentes manies des uns et les habitudes des autres, apprenant un peu plus à chaque seconde sur les us et coutumes des habitants de ce pays qui lui était encore inconnu il y avait huit mois de cela. Il était plus que temps qu'il s'adapte complètement à sa nouvelle ville et donc à sa nouvelle vie.

Il était en pleine bataille de regard avec un adorable petit garçon presque entièrement recouvert de chocolat, y compris jusque dans ces boucles rouquines, une étincelle malicieuse dans ses yeux verts, quand on l'aborda enfin.

-Je voudrais un lait fraise et …

Le reste de sa phrase se perdit alors qu'il levait les yeux vers une jeune femme qui se tenait entre la salle et la cuisine, sa bouche s'ouvrant imperceptiblement alors qu'il observait les traits très, très, très familiers de celle-ci. Oh oui, il la reconnaissait parfaitement tout simplement parce qu'il s'agissait de la toute première personne qu'il avait embaumé, dans cette ville mais aussi de sa vie ! Saga Nordenskiöld, décédée, mise en terre depuis huit mois et qui pourtant était devant lui à cet instant présent, l'air plus vivant qu'il ne lui avait jamais vu. Oh, il se souvenait très bien de cette jeune femme, il lui avait parler pendant longtemps ce jour là, à la fois pour s'accoutumer à sa nouvelle tâche mais aussi parce qu'il lui semblait qu'elle en avait bien besoin. Dahud avait été sûr qu'elle était passée de l'autre côté … Ni une, ni deux, il se leva et se dirigea vers elle avant de lui adresser doucement la parole. Comme pour éviter de l'effrayer.

-Saga ? Oh par la Déesse mais … qu'est ce que … je pensais que …

Il baissa la voix.

-Je pensais que tu étais passé derrière le Voile! Comment est-ce possible?
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Sanja Nordenskiöld
Sanja Nordenskiöld

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MessageSujet: Re: I am not there, I do not sleep | Sanja   I am not there, I do not sleep | Sanja EmptyMer 3 Déc - 15:33

Don’t Stand At My Grave And Weep

Dahud & Sanja.

Ce soir, je teste la nouvelle recette que j’ai mise au point avec Damian dans ma cuisine : le velouté de homard aux épices. Si la première fois que ce yankee avait débarqué dans mon restaurant, en le prenant pour une annexe de son bureau, on m’avait dit que j’allais passer une bonne partie de mes après-midi avec lui, je me serais bien marrée. Et puis j’ai eu besoin de lui une fois, parce que je n’arrivais pas à me décider toute seule sur le bon dosage d’épices dans ma soupe. Et il avait servi de cobaye parce que je n’avais personne d’autre sous la main. Essai qui s’est transformé peu à peu au fil des recettes que je voulais tenter, et des cours de suédois que je lui donnais au passage.

Pendant une seconde, je m’imagine le voir arriver demain, comme d’habitude, déballer son pc portable et sa pile de bouquins et au final en ouvrir un seul, le voir venir vers moi après que je l’ai appelé,  et lui dire que son baptême du feu avait eu tellement de succès que le plat s’est retrouvé en pénurie. Il est quand même assez sympa, même si à certains moments j’ai le hachoir qui me démange en l’entendant me raconter ses blagues à la con et ses vannes pourries. Enfin bref, il ne doit plus rester que de quoi remplir une assiette ou deux sur le feu, et mon serveur, Erb, me répète les compliments faits par les clients. Pour un essai c’est un coup de maître. Et je suis bien. Etrangement bien, pour la première fois depuis… longtemps. Je ne sais même plus quand d’ailleurs.

Pourtant, mon sourire disparait un peu quand mon regard se pose sur le piano bien esseulé, dans la salle pleine. J’ai tellement l’habitude d’y voir Tim que j’ai sursauté en n’apercevant que le velours rouge du tabouret, sans la silhouette familière de mon pianiste… Pauvre Tim. Le restaurant n’est plus le même quand il n’est pas là, et quand il n’y joue pas. Je me promis d’aller de nouveau le voir demain après mon service, pour vérifier que tout va bien. Je secoue légèrement la tête, pour chasser ces pensées tristes, et je tourne les talons pour retourner à mon plan de travail. C’est à moi de m’occuper des viandes ce soir, et il reste encore quelques commandes à envoyer. Juste au moment où je prends mon couteau en main, j’entends la porte de la cuisine s’ouvrir.

Je lève la tête, et je vois un type qui sort de nulle part, et qui s’approche de moi. Par réflexe je fronce les sourcils et lève le couteau, juste au cas où.

Vous n’avez rien à f…

Saga. Je viens de l’entendre prononcer le prénom de ma sœur. De ma moitié. Sans même que je m’en rende compte le couteau est tombé sur le carrelage de la cuisine, alors que je me suis figé. Pendant une seconde, j’ai presque le réflexe de me tourner pour voir si ma sœur n’est pas à côté de moi, et qu’il ne s’adresse pas à moi par erreur. Et puis je me rappelle que Saga n’a aucune chance d’être là… Ma gorge se noue une seconde, avant que je ne ramasse mon couteau et le repose sur mon plan de travail. D’un petit geste de la tête, je fais comprendre à mon second qu’il doit prendre le relais, et je fais signe à ce visiteur de me suivre.

Venez ici.

Je lui désigne mon bureau et je ferme la porte derrière nous. Mes mains trembles, et je ne sais même pas depuis quand. J’inspire profondément avant de poser mes yeux sur lui.

Je ne… je ne suis pas Saga. Saga était ma sœur. Ma sœur jumelle. Elle… elle n’est plus de ce monde depuis… un an. A peu près. Vous… vous la connaissez ?

Chaque chose qui me rappelle ma sœur a soudain un intérêt dingue, et quasi obsessionnel. Ce qui est bizarre, c’est qu’elle me disait tout, alors pourquoi est-ce qu’elle ne m’a pas parlé de lui. De ce type à l’accent étranger et aux yeux si bleus. Sauf qu’il commence à me parler d’un voile. Je ne comprends rien du tout, alors je me penche un peu plus vers lui.

Un…un voile ? Mais de quoi vous parlez ? Je comprends rien… Quel voile ?

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Dahud S. O'Domhnaill
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MessageSujet: Re: I am not there, I do not sleep | Sanja   I am not there, I do not sleep | Sanja EmptyMar 23 Déc - 1:44

I am a thousand winds that blow.


Une fois enfermé dans le bureau avec la jeune femme, Dahud observa avec de grands yeux l'apparition en face de lui. Il s'interrogeait réellement sur sa présence. Saga avait l'air tellement en vie ! Mais comment cela était il possible ? De ce qu'il savait on ne revenait pas du Sidh et les rares fois où s'était possible, on ne ressemblait jamais à ce qu'on avait été. Et pourtant, il l'avait sous les yeux, en chair et en os. Avec l'air plus vivant qu'il ne lui avait jamais vu. Il devait savoir, il devait absolument savoir comment cela était possible ! Alors qu'il ouvrait la bouche pour l'interroger plus avant, la jeune femme prit enfin la parole et lui révéla sa véritable identité. Une chape de soulagement s'abattit sur l'irlandais qui se retient de laisser échapper un rire ravi. Il se sentait plutôt ridicule maintenant d'avoir cru à un esprit mais il avait vu trop de chose pour ne pas y accorder foi. Et puis, les celtes croyaient en la réincarnation des âmes mais rien ne disait sous quelle forme cela se produisait. Et les histoires de ban sidh, de Cat sidh et autres créatures de l'autre monde, des créatures qui parfois avait été humaines, de chair et de sang, il y avait fort longtemps. Alors rien n'empêchait une jeune femme de choisir de rester dans ce monde si sa mort avait été trop rapide et avait laissé derrière elle des choses inachevées. Mais il était vrai que la théorie de la jumelle était beaucoup plus vraisemblable et il était le premier à le reconnaître. Ses croyances étaient beaucoup plus crédibles sur son île natale que partout dans le reste du monde, où le monothéiste était quasi omniprésent et où il faisait figure d'hérétique, d’excentrique ou d'original avec sa confession païenne que beaucoup confondait avec le néo druidisme et la Wicca. Alors qu'il observait des dogmes millénaires, comme lorsque la première fois où un O'Domhnaill avait rejoint la Chasse Sauvage.

Il allait s'excuser et partir quand la jeune femme en face de lui, dont il ne savait toujours pas le nom, se troubla de nouveau et s'interrogea sur le Voile. Lui même ne savait pas pourquoi il avait parler de cela. Il avait dit ça comme il aurait pu dire le Styx ou « de l'autre côté », c'était une simple façon de parler. Pour lui, quand on mourrait, on rejoignait le Sidh qui était un monde souterrain peuplé de toutes sortes de créatures, un endroit plein de magie où il faisait bon vivre, jusqu'à ce que notre âme soit prête à rejoindre de nouveau un cycle et à retourner sur Terre. Dahud ne savait pas où allait les personnes dont il s'occupait. Allaient-elles dans l'autre monde de leur croyance ? Allaient-elles au Sidh ? Ou bien devenaient-elles comme des milliers de particules, partout sur la planète ? Ou, peut-être même rejoignaient-elles un endroit complètement inconnu ? Quoiqu'il en était, le jeune homme prenait toujours le soin de s'occuper le mieux possible de ses pauvres patients, de leur parler, de les réconforter afin d'apaiser leurs âmes et de faciliter leur dernier voyage, tout pour éviter qu'ils ne demeurent dans le monde des vivants, un monde qui n'était plus le leur et qui ne pouvait que les corrompre. Comment pouvait-il donc répondre à cette jeune femme en face de lui ? Tout ce qu'il pouvait lui offrir était son honnêteté. Aussi lui offrit il un doux sourire, la compassion, mais jamais la pitié, présente dans son tendre regard bleu.

-Le Voile, le passeur, l'autre côté, il y a des milliers de mots dans des milliers de langues pour en parler. Je parlais de l'autre monde. Le Sidh. Je ne sais pas comment vous dites ici … Le Valhalla ? Le monde des morts.

Il s'approcha doucement de la jeune femme, sans pourtant chercher à s'asseoir, un simple mouvement pour une personne peu habitué à rester en place, à moins qu'il ne s'agisse d'un travail quelconque Il observa distraitement la pièce tout en continuant à parler de sa voix douce à l'accent encore plus prononcé dans l'ambiance mélancolique de ce petit bureau.

-C'est pour cette destination que je prépare les êtres qui passent entre mes mains. Je suis embaumeur et Saga est la toute première personne dont je me suis occupé et je lui ai beaucoup parler. J'ai toujours l'impression d'avoir un lien particulier avec elle … Et je sais qu'elle s'en est allé paisiblement de l'autre côté. Qu'elle était sereine et souriante quand elle est partie, libérée de ses tourments. Alors quand je vous ai vu, si semblable, plus vivante que je ne l'ai jamais vu physiquement, j'ai cru m'être trompé.

Finalement, il éclata d'un petit rire, un son joyeux bien que délicat, un peu incongru au vu des circonstances. Mais telle était sa nature, de rire devant la Mort et devant la tristesse, de ne jamais se laisser avaler par le doute et le chagrin. Sinon cela ferait longtemps qu'il aurait rejoint Dahut la Sirène et leurs parents dans les abysses de la Mer.

-Mais maintenant que je vois mieux, je me sens ridicule d'avoir cru cela. Il y a de la glace en vous et qui n'était pas présente en Saga n'est-ce pas ? Et tellement, tellement de tristesse … Je suis navré de raviver cette peine.

Il murmura doucement, presque inaudiblement.

-Do not stand at my grave and weep.I am not there. I do not sleep ...
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Sanja Nordenskiöld
Sanja Nordenskiöld

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MessageSujet: Re: I am not there, I do not sleep | Sanja   I am not there, I do not sleep | Sanja EmptySam 3 Jan - 13:55

Don’t Stand At My Grave And Weep

Dahud & Sanja.

Je regarde ce type sans comprendre ce qu’il me raconte. Il me parle de Saga, et d’un voile. Sauf que quand je lui demande plus d’explications, il complique encore la chose en partant dans une espèce de délire mystique qui mélange Valhalla, un truc qui s’appelle Sidh et de conclure sur le monde des morts. Mes yeux ne quittent pas les siens, d’un bleu de glace, alors qu’il se rapproche lentement de moi. Là je suis perdue. Totalement. Il se remet ensuite à parler d’une voix douce, mais à l’accent particulier. Pas cajun comme Damian non… un accent étrange. Et ma respiration se coupe quand je l’entends raconter qu’il connaissait ma sœur. Que c’est lui qui s’est chargé de l’embaumer. Wow… c’est…c’est étrange. J’ai du mal à imaginer que c’est lui qui l’a habillée, qui l’a maquillée avant de l’installer dans son cercueil…

Et je fronce les sourcils quand il parle d’un lien spécial. Il entend quoi par là ? Oh mon dieu j’espère que c’est pas un de ces pervers qui fait des trucs aux morts, parce que savoir que ma sœur, en plus de tout ce qu’elle a traversé, aurait subi ça aussi… Je crois que je pourrais le tuer. Mais ma colère retombe quand il m’explique qu’il lui a parlé et qu’elle était…sereine, et souriante, d’après ses mots, au moment de passer de l’autre côté.

Rien qu’à entendre ça, ma gorge se noue et mon cœur se met à tambouriner plus vite dans ma poitrine. Comme si je me réchauffais doucement. Je pose ma main tremblante sur ma bouche, alors que des larmes se mettent à rouler le long de mes joues. Et j’arrive enfin à demander, d’une petite voix.

C’est…c’est vrai ? Elle… elle n’était pas en colère contre…contre moi ? Elle m’en voulait pas de…d’être partie toutes ces années ?

Pendant tout le temps où je me suis occupée d’elle, dès que j’ai su qu’elle était malade, elle m’a répété au moins un million de fois qu’elle m’en voulait pas d’être partie, et d’avoir passé plusieurs années à sillonner l’Europe. Mais au fond de moi, c’est à moi que j’en voulais. Jamais, jamais j’aurais dû l’abandonner, jamais j’aurais dû me montrer aussi égoïste. J’aurais dû faire plus attention à elle, et pas revenir quand… quand sa maladie s’était déjà déclarée. Elle m’avait remerciée d’être restée à ses côtés jusqu’au bout, de pas l’avoir lâchée d’une semelle pendant plusieurs mois, l’accompagnant aux chimios, l’aidant à se laver, à s’habiller quand elle était trop faible… mais au fond de moi j’ai toujours eu peur qu’elle m’en veuille. Mes sanglots redoublent quand il parle de la glace qu’il y a en moi. C’est…c’est tellement ça. C’est tellement vrai que… j’ai l’impression d’hiberner, de ne plus rien ressentir, de ne plus rire franchement, ou alors très rarement. De plus me sentir bien. Seulement la douleur et la colère qui tambourinent depuis tellement longtemps. Et lui, ce type sorti de nulle part et qui lit en moi comme un livre ouvert.

Je…je suis morte en même temps qu’elle c’est vrai… Et depuis je… je suis perdue… Perdue sans elle et je … sais pas quoi faire. Je peux plus rien…ressentir.

Son rire me ramène un peu à la raison, et j’inspire profondément pour tenter de me calmer. Comment, comment il pourrait savoir ça ? Comment il aurait pu avoir la moindre idée de ce qu’éprouvait ma sœur quand elle est morte ? Si ça se trouve c’est un espèce de charlatan, de medium comme on en voit à la télé qui va tenter de m’extorquer du blé pour soi-disant lui parler.

Att…Attendez. Vous l’avez connue que morte. Alors…comment vous pouvez savoir ce qu’elle pouvait bien éprouver ?

J’essuie mes larmes du revers de la main avant de relever la tête, luttant toujours contre les sanglots qui agitent mes épaules.

Vous…vous cherchez quoi ? Vous allez me proposer d’entrer en contact avec ma sœur contre de l’argent ? C’est ça ?

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Dahud S. O'Domhnaill
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MessageSujet: Re: I am not there, I do not sleep | Sanja   I am not there, I do not sleep | Sanja EmptyLun 9 Fév - 0:35

I am the diamond glints on snow.


Il avait plongé cette pauvre jeune femme dans la plus grande confusion tout en lui rappelant la douleur immense que la perte de sa sœur jumelle devait avoir eu sur elle. Il n'y avait pas besoin d'être particulièrement futé pour deviner le lien qui les unissait même si Dahud avait eu le privilège de rencontrer Saga, bien que d'une façon particulière. Et puis, les jumeaux n'étaient-ils pas la manifestation d'une même âme, d'une âme sœur au véritable sens du terme, divisée en deux individus ? Et voilà qu'il débarquait avec ses gros sabots et mettait les pieds dans le plat sans tact aucun ! Il l'observa alors qu'elle tentait tant bien que mal de regagner le contrôle d'elle même. Et elle lui parlait en même temps, sûrement sans s'en apercevoir, se laissant aller quelques instants au soulagement de se confier à une personne complètement inconnue, qui pouvait écouter sans que l'on ait peur de son jugement.

Mais Sanja était visiblement une femme forte et indépendante, habituée peut être à cacher sa peine, à vivre avec sans se rendre compte que peut-être, cela lui empoisonnait l'âme. Elle se reprit donc rapidement, l'air suspicieux qu'elle portait quelques temps auparavant de nouveau peint sur son visage d'une grave et austère beauté. Dahud ne put s'empêcher d'éclater franchement de rire en entendant ses accusations. Mon Dieu, lui un druide ? Allons dont, il n'en avait certainement pas l'air, et certainement pas le pouvoir ou la sagesse. Le gros Flaherty, celui qui se rapprochait le plus de la classe sacerdotale là-bas à Inis Meain, se serait assurément écroulé de rire et aurait roulé partout sur son gros ventre s'il avait entendu cela. On ne savait pas vraiment ce qu'était Dahud mais une chose était sûre, ce n'était pas un druide.

- Par la déesse ! Moi un devin ? Pas du tout ! Et puis je serai un bien piètre bonimenteur dans la mesure où je vous ai déjà dévoilé ce qu'il y avait à savoir. Mais non, je vous assure, je ne le suis pas.

Il la regardait alors qu'elle tremblait et retenait ses larmes à grand peine et il avait tellement envie de la réconforter, de l'aider à trouver un peu de paix exactement comme sa sœur l'avait fait et exactement comme elle aurait voulu que Sanja la trouve à son tour. Il était absolument sûr de cela.

Maintenant, comment expliquer à la jeune femme la façon d'on il avait communiquer avec Saga ? Comment lui expliquer quelque chose qu'il ne comprenait pas lui même mais acceptait malgré tout parce que s'il pouvait le faire c'était qu'il devait y avoir une raison ? Il n'était pas sur sa petite île où tout le monde connaissait ses singularités, tout le monde savait que le petit O'Domhnaill avait quelque chose de magique en lui, qu'il n'appartenait pas complètement à ce monde, qu'une partie de son âme demeurait au Sidh et n'avait jamais atteint la surface. Que ses yeux bleus étaient parfois aussi insondables et mystérieux que les abîmes des océans, qu'il n'était jamais vraiment là. Et comment lui dire que lui même avait cette sensation parfois de danser sur la mince frontières des mondes, menaçant de basculer d'un instant à l'autre, en équilibre précaire et perpétuel ? Mais il devait le faire cependant, il le lui devait bien après l'avoir plongée dans le tourment.

-Je ne sais pas très bien comment expliquer comment je sais ses choses. Elles m'ont été dite par votre sœur mais comment ? Je ne sais pas. Tout ce dont je suis sûr c'est que lorsque je soigne un de mes patients, c'est ainsi que je les vois, je leur parle, leur chante des choses, les réconforte. Parfois, je peux même les voir à mes côtés, comme de chair et de sang, vivant mais pas toujours. Ce n'est pas si rare là d'où je viens mais le reste du monde est tellement étrange ...

Ces derniers mots avaient été murmuré distraitement alors que le regard de Dahud se perdait quelque part au delà de l'épaule de Sanja, évanescent. Puis, il revint à la réalité et s'approcha doucement de la jeune femme avant de déposer doucement ses mains sur ses épaules tremblantes, s'adressant à elle par son prénom bien qu'elle ne se soit jamais présenté à lui.

-Quoiqu'il en soit Sanja, il faut que vous sachiez que votre sœur ne vous en voulait pas et qu'elle est partie en paix. Et vous avez le droit de la pleurer, de faire son deuil mais il faut continuer de vivre, en son honneur. La vie est un bien précieux malgré les épreuves et les pertes, surtout quand tout le monde n'a pas la chance d'en bénéficier. Croyez moi, je ne parle pas sans connaître. Vous pouvez vous laissez aller et vous pouvez vivre de nouveau. Être heureuse, pour elle et pour vous.

Il avait gardé un ton léger tout du long, comme s'il parlait de la pluie et du beau temps, comme si c'était normal. Il n'y avait pas de ferveur ou autre dans sa voix, h non. Il ne faisait qu'énoncer une évidence. Pour lui tout du moins. Enfin, il lui offrit un grande sourire, lumineux et chaleureux, et se présenta, gloussant légèrement.

-D'ailleurs, je suis Dahud si vous voulez tout savoir. Je crois que j'ai oublié de vous le dire.
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Sanja Nordenskiöld
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MessageSujet: Re: I am not there, I do not sleep | Sanja   I am not there, I do not sleep | Sanja EmptyVen 27 Fév - 22:06

Don’t Stand At My Grave And Weep

Dahud & Sanja.

Tout se bousculait violemment dans ma tête en entendant les paroles de cet étranger sorti de nulle part. Comment, comment est-ce qu’il pouvait taper aussi juste, me dire des choses qui résonnaient tellement dans mon cœur dévasté et gelé ? Comment est-ce qu’il pouvait savoir exactement quoi dire, pour me toucher au plus profond de moi ? Lui que j’avais jamais vu et qui répondait exactement à toutes ces questions que je me posais depuis presque un an, depuis qu’elle était partie ? A l’entendre, c’était comme si on avait ouvert la porte contre laquelle je tambourinais depuis de si longs mois, attendant désespérément qu’on me rassure. Qu’on me donne des réponses. Et lui me les apportait, sans même que je demande quoi que ce soit.

Mais non. Non. Tout ça était trop beau. Tout ça est trop exactement ce que j’attends pour que ça soit simplement le fruit du hasard. Qu’est-ce qui se cache derrière tout ça, hein ? Qu’est-ce qui se cache derrière ces prédictions bien trop justes pour que je m’en méfie pas. Qu’est-ce qui l’a amené ici ? Comment est-ce qu’il savait ? Et voilà que la raison revient au galop, et que tout ça sent l’arnaque. Même si je crève d’envie de lui poser encore un million de questions, à lui qui a l’air d’avoir toutes les réponses. Alors je fais ce que je sais faire de mieux. Mordre. Je ravale mes larmes, lutte contre mes sanglots, et tente de le percer à jour. Comme une tentative pour me punir aussi d’avoir cru trop vite ce passeur de secrets.

Et contrairement à ce que je m’imaginais, il rit. Il rit en me disant que s’il était un vrai charlatan, il ne m’aurait pas déjà tout dit. Je reste là à le contempler. A tenter de déceler le mensonge dans ses yeux bleu glacier. A trouver un indice comme quoi il serait en train de m’exploiter. Et…j’y arrive pas. Il semble tellement sincère. Tellement convaincu par ce qu’il dit. J’aurais envie de le croire, même si ce qu’il me dit semble complètement…dingue. Mes épaules tremblent encore un peu alors que mon regard ne quitte pas le sien, et je l’écoute. Je l’écoute me raconter toutes ces choses étranges à propos des mots dont il s’occupe et qui lui parlent. J’ai envie de me moquer de lui, j’ai envie de lui hurler qu’il ment et…j’ai envie de le croire. Parce que j’ai besoin de me raccrocher à quelque chose. Désespérément.

Vous...vous êtes sérieux?

On dirait qu’il le sent, qu’il sent que je suis perdue comme jamais, parce qu’il s’approche de moi et pose ses mains sur mes épaules, alors que son regard continue à me fixer. Je sursaute presque quand il m’appelle par mon prénom. Alors que je lui ai jamais donné. Mais il a peut-être dû l’entendre dans les cuisines, ou quelque part ici. Il recommence à me parler, avec une voix douce, et calme. On est…tellement loin de tous les discours moralisateurs à la con que j’ai pu entendre sur elle, sur la mort, sur le deuil. Je sens pas le poids de la culpabilité dans ce qu’il dit, pas de jugement. Juste… comme si…comme si on ôtait quelque chose de mes épaules, comme si je pouvais respirer un peu mieux. Un peu plus librement. Juste…ce que j’attendais. En quelque sorte.

Je me pince les lèvres, pour lutter contre les sanglots qui reviennent secouer mes épaules, avant de nouer mes bras autour de son cou sans même réfléchir, me mettant à pleurer à chaudes larmes.

M...merci...
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